Louise Desrenards on Sun, 24 Feb 2008 23:57:42 +0100 (CET)


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Re: [nettime-fr] La nudité paradoxale comme alternative à l'obfuscation


Je suis d'accord sur le fond avec ce petit essai brillant, ça mais je trouve que creative commons aujourd'hui permet un éventail de signatures où il en est qui reviennent un peu à la marque collective, non ? Copyleft art libre c'est un logo de création collective à l'acte. Creative commons c'était autre chose et la preuve dans le développement de cette license sous des formes différenciées aujourd'hui -- donc la marque collective (la licence attribuée à la création sur internet par ex, je ne sais plus sa nomenclature.

Du moins tant qu'on reste dans la délocalisaiton de Creative Commons parce que le français a encore des règles de plus... dont on aurait préféré se passer.

Où je ne suis pas d'accord : la stratégie du vecteur comme chose elle-même c'est de se reproduire à l'infini y compris d'intégrer de cette façon sa forme alternative en l'indifférenciant par le dispositif de la marque -- il faudrait relire l'ouvrage de Naomi Klein quoiqu'elle soit partie maintenant dans la doctrine du choc -- . La stratégie des mots chez Sarkozy est un laboratoire de cet état au-delà de la culture et du politique, elle imite la stratégie de la chose vectorale d'où qu'il soit inquitétant par le tout et son contraire mais toujours d'assurer la domination par la hiérarchie sociale et les classes de l'argent) ; et donc sommes-nous d'accord pour nous mettre en équivalence vectorale au-delà de la stratégie de la valeur (comme Sarkozy d'une certaine façon s'y est placé lui-même; quoiqu'en un autre nom du droit -- et d'après moi ça revient au même puisqu'il s'agit d'un système -- ?

C'étati aussi dans cette problématique une façon d'interpréter la critique des Yes Men.

En gros je suis d'accord avec la stratégie de la marque en défense mais pas certaine de l'être en attaque. Il y a autre chose à trouver... parce que nulle marque collective ne peut être protégée d'être taxée par une autre marque collective supérieure dans la globalité conceptuelle du dispositif. C'est exactement ce qui se passe par exemple en France entre les sociétés ou associations corporatistes obligatoires pour les auteurs et les artistes, ou les éditeurs et la taxe qu'ils prélèvent sur eux au nom de les représenter. C'est enfin le nouveau dispositif de l'INPI aujourd'hui fusionné dans le dispositif international prévu par l'OMC et qui se gère en Suisse, mais avec obligation que l'INPI s'occupe du transfert de légalisation de votre marque française auprès de l'organisation internationale et donc où vous payiez une fois et pour 99 ans, vous payez aujourd'hui deux fois et pour 7 ans, je crois (à vérifier pour le délai, qui peut être 5 ou 10)..; c'est ça la virtualisation de la valeur par le dispositif vectoral.. c'est le retour immatériel à l'octroi.

Où il reste un espoir c'est que nous sommes certainement un des rares pays qui soumette l'obligation de passer par l'intitut national pour déposer une marque internationale.. Evidemment l'INPI autrefois déposé à la caisse des depots a été privatisé et nous a été volé, onne sait même pas par qui et par quoi mais ça roule, c'est clair..

Nous avons le pompon de la fragmentation et de la démultiplication vectorales du prélèvement des taxes partout où le service public a été privativé sur la base du maintien de nombreux privilèges légaux dus à la situation antérieure.. Or le service public français,monopolistique, était un des plus étendus existant au monde (après l'URSS et la Chine:) C'est dire le pactole de la privatisation, par ex que la poste soit maintenant à ce point divisée, que les services d'expédition bientôt seront taxés par les services de transport des courriers et des colis, au lieu d'une gestion globale, (c déjà commencé) etc. Et comme nous n'avions pas d'infrastructure privée c'est une expérience qui se mène dans sa forme la plus radicale et systématique, tant en nombre de fragmentation pour accroître le nombre des recettes de la vente du bien public, "pour rembourser la dette":) qu'en termes d'organisation rationalisée de façon abstraite..  etc.. etc... etc.

Mais la marque paraît une solution artistique et poétique intéressante, plutôt pataphysique d'ailleurs. si c'est un défi, une ironie. Quant à son économie, si c'est une façon d'éviter à chacun les frais de son proopre copyright, grâce à une cotisatioon émargeant aux frais du copyright collectif.. bref, nous voici reparti dans une problématique de la gestion.. et hop !! une bureaucratie de plus qui devra bien se payer elle aussi pour les services rendus...

Justemetn je vais pouvoir m'informer : une fois de plus on ne m'a pas invitée au salon du livre à Paris parmi les petits éditeurs d'ile de France malgré un bouquin qui a été couvert par une page entière dans Le monde le 5 janvier, mais je vais au salon off international de Bruxelles, comme éditeur exposant invité et comme éditeur intervenant, je vais finir par être fière;-) la question est justement du réseau de distrubution rezolibre, aussi ; aujourd'hui bien rodé et même plus qui permet de trouver des bouquins introuvables en outre de ceux qu'on trouve partout ou prsque (je ne sais pas en fait), et de son fonctionnement... ben j'essayerai de faire un petit CR au retour.

PS / je reviens sur la traduction de Un manifeste Hacker puisque nous parlons de la ttaxe fermière coneptualisée : il s'agit d'un texte original écrit dans une langue inspirée du vieux saxon du temps de l'"enclosure".. pensez vous vraiment que le traduire en vieux français était pertinent ? Sinon, plagier des écrits marxistes pour en faire une idéologie ? Ou trouver une dimension critique dans le rythme et le style des phrases données, avec quelques néologismes réintroduisant une voix de la fiction par le récit, parfois dérisoire -- mais c aussi dans le texte original -- ? Et là on rejoint la pataphysique... elle était aussi dans le texte original au delà de la représentation idéologique qu'on aurait pu s'en faire..



Le 24/02/08, Olivier Auber <olivier.auber@km2.net> a écrit :
L'obfuscation (la superposition de signes dans le but de masquer
d'autres signes) passe à l'ère numérique des techniques anciennes de
propagande que sont la confusion volontaire, l'imprécision
intentionnelle, le siphonage et le glissement sémantique, etc. , toutes
sortes de joyeusetés manipulées couramment par les petits et grands
pouvoirs politiques et économiques pour se cacher derrière des rideaux
de fumée. Quand Nicolas Sarkozy, dans son discours de Montpellier le 3
mai 2007 (1) dit, d'une part: "La France, c'est la Liberté
d'_expression_", et deux lignes plus loin: "[…] nul ne peut prétendre
vivre en France sans […] parler le Français", personne ne relève rien.
Quand l'opérateur de télécommunication Orange, par l'intermédiaire de
son agence TBWA, dépose la marque "OPEN" (2), qui dès lors n'est plus si
"open" que ça, personne ne bronche. Quand à propos du Web 2.0, on parle
à tort et à travers de "réseaux sociaux" alors qu'il ne s'agit que de
"sites" tout ce qu'il y a de plus fermés, rares sont ceux qui demandent
une correction de vocabulaire. Au contraire, les sondeurs, les
commentateurs, les actionnaires et les investisseurs spéculent sur le
succès de ces tours de passe-passe. L'important est que cela fasse
illusion.

Alors l'homme devant son écran est-il condamné à surfer de bouillie
verbale en imposture? Ne trouvera-t-il pas d'autre parade au derrick
qu'on voudrait lui planter dans la tête, que d'opter lui-même pour la
tactique d'obfuscation des compagnies de forage sémantique? Ce serait à
coup sûr la fin de toute espèce de réalité, le début de la plus totale
déréliction.

Non, la bonne parade n'est pas celle-là. On ne lutte pas contre
l'opacité par l'obscurcissement. Au contraire, c'est dans une forme de
nudité paradoxale (3) qu'il faut rechercher la voie, et aussi par un
travail collectif sur le sens des mots.

Un exemple?: puisque l'on parle d'identité numérique, parlons d' OpenID,
ou plutôt de la marque déposée OpenID. A t'on remarqué à quelle vitesse
les majors de l'Internet se sont ralliées à son standard et ont sauté
dans le conseil d'administration de la fondation US? Qui a vu que cette
même fondation demande à tous ceux qui détiennent une part de sa
propriété intellectuelle ou des marques afférentes dans tous les pays de
bien vouloir les lui reverser? Bref, notre « identité numérique »,
réputée ouverte et distribuée sera-t-elle régie demain par une Trade
Mark (OpenID TM) et par des processus centralisés de type
capitalistique? Il n'y a pas ici de procès d'intention, simplement
l'indication d'un combat à mener par tous. Comme de nombreux mots,
concepts ou notions d'intérêt général, OpenID doit rester le fait de ses
utilisateurs. C'est ce que propose le concept juridique de "marque
collective" qui existe dans le Droit français et dans celui d'autres
pays. OpenID doit probablement devenir une "Collective Mark" (4): OpenID
CM pour se donner les moyens de sa propre défense.

Olivier Auber

(texte publié initialement comme un commentaire de l'article
"Mésinformations personnelles", Daniel Kapkan, InternetActu 19 fév. 2008
: http://tinyurl.com/yow8ce)

1 - Discours de Montpellier, 3 mai 2007: http://tinyurl.com/3752uc
2 - OPEN : INPI 3405730
3 - Cf. le "Club des naturistes numériques" né sur Facebook:
http://tinyurl.com/38mher
4 - Un travail de recherche sur les traductions internationales de la
notion de "Collective Mark" est en cours dans le cadre de la P2Pfoundation.


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