Reseau Actif on Tue, 5 Feb 2008 22:23:43 +0100 (CET)


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[nettime-fr] LE BON DROIT DES ARTISTES A FAIRE RESPECTER PAR LES ARTISTES EUX-MEMES


En complement du texte ci-dessous voir également :
http://www.fredforest.org/book/php/fr/news_fr/show_newsfr.php
http://www.webnetmuseum.org/php/fr/php-news_fr/show_newsfr.php


TRANSPARENCE ET RAYONNEMENT DE LA FRANCE A L'ETRANGER

UNE DECISION DE LA CADA DEFAVORABLE A CULTURES FRANCE

TRANSPARENCE ET RAYONNEMENT DE LA FRANCE : UN PAVE DANS LA MARE !

La CADA (Commission accès aux documents administratifs) vient lors de sa
séance du 10 janvier 2008 de donner droit à l'artiste Fred Forest qui
dénonçait un manque de transparence de Cultures France (ex AFAA) pour le
refus de communication des noms des membres d'un jury pour l'attribution
d'une bourse de résidence, comme celui de communiquer les motifs de ce
rejet. CulturesFrance va donc maintenant devoir s'exécuter. Cette
institution, dirigée par Olivier Poivre d'Arvor, avait déjà fait l'objet
d'une mise en cause de ses fonctionnements par la commission culturelle du
Sénat en 2006.
Le contexte de cette décision de la CADA lui donne un relief particulier,
quand on sait qu'en Juin 2007 une pétition de 500 artistes plasticiens avait
avec une certaine violence mis en cause les fonctionnements d'institutions
tels que la Délégation aux arts plastiques (Ministère de la culture),
CulturesFrance (Ministère des affaires étrangères) et qu'un colloque sur le
thème " L'art et l'Etat " le 28 novembre 2008 a mis en sérieuse difficulté
les responsables de ces institutions, et de plusieurs de leurs responsables
en présence des caméras d'Arte et des micros de France Culture.(Sont
intervenus notamment dans ce colloque Olivier Keapplin, François Barré,
Alain Renaudo représentant Olivier Poivre d'Arvor, Claude Mollard, Ernest
Pignon Ernest, Peter Stampfli, Jean-Michel Meurice, Fred Forest etc?)


Service presse webnetmuseum.org :
tel : 0I 45 83 00 09


LA RUPTURE QUE NOUS ATTENDONS

par Fred Forest artiste multimédia, Professeur émérite de l'Université de
Nice Sophia-Antipolis

En juin dernier, une pétition a été signée par 500 artistes plasticiens,
dénonçant violemment les fonctionnements d'un système étatique, qui depuis
trois décennies régit, toute coloration politique confondue, la scène des
arts visuels en France. Certes, nous avons eu des ministres animés des
meilleures intentions qui, avec Jack Lang, Jacques Toubon ou Catherine
Trautman ont tentés de secouer le cocotier, mais, paradoxalement, le système
à cette occasion n'a fait que se lover sur lui-même pour répéter ses propres
errements. Ce qui frappe, aujourd'hui, c'est que cette protestation
collective semble inédite dans la mesure, où il ne s'agit nullement, cette
fois, d'une contestation de caractère politique ou corporatiste, mais, plus,
d'une revendication d'ordre citoyenne, éthique et de portée symbolique.
Comme si les artistes voulaient eux-mêmes, après tant d'années de
vicissitudes et d'arbitraire subis, enfin rompre avec un système non
équitable, et retrouver une dignité inhérente à leur fonction, décidant,
pour ainsi dire, de prendre en charge leur propre destin. La cible visée
n'est certainement pas, telle ou telle personne en particulier, mais un
milieu esthético-mondain, complexe, où les intérêts privés croisent les
intérêts publics, et où les connivences tiennent lieu de morale publique.
Les maîtres du jeu, ceux qui mènent finalement la danse, disposant à leur
guise des budgets de l'Etat, du pouvoir de désignation et de distinction des
artistes " méritants ", et incidemment des autres, sont un quarteron de
fonctionnaires, ou de chargés de mission inamovibles. Ils administrent dans
une équation binaire, qui fonctionne alternativement en circuit fermé, de la
Délégation des Arts plastique (DAP) à Cultures France (ex AFAA). Si tu ne
sautes pas dans le train entre ces deux stations privilégiées, tu restes à
vie sur le quai, ta valise à la main, et tes ¦uvres sur les bras. Mais pour
monter dans le train, ce n'est pas si évident que ça, à moins que tu aies
une galerie bien introduite, un père, un cousin germain ou une connaissance
du mari de la personne, qui fait, partie du cercle des experts. Mais on te
dira que tout cela est parfaitement humain, et il ne faut être qu'un éternel
grognon pour s'en plaindre. Par contre, il faut bien remarquer toutefois que
dans les alternances politiques du pouvoir ceux qui restent en place, ceux
qui occupent les lieux, avec un bail à vie, distribuant les budgets, nommant
les commissions, décidant de qui est digne ou non de participer à une
exposition, ceux qui font par conséquent, la pluie et le beau temps, ce sont
eux. Ils ont eu tout le temps et le loisir pour constituer leurs propres
réseaux invisibles, tentaculaires, qui tissent leurs rets entre, femmes du
monde, rejetons de vieilles familles françaises, dames patronnesses,
équipementiers et industriels de circonstance, personnel politique et des
médias, galeristes puissants, pour constituer et maintenir leur pouvoir sans
gloire. Tout cela baigne le plus parfaitement dans l'huile, que le régime
soit indifféremment, de droite ou de gauche. Ce n'est pas comme les
ministres, qui, du jour au lendemain, se voient débarqués, sans avoir pu
faire grand chose -quand il arrive qu'ils y aient pensé (?) - et que de
toute façon, le changement n'est surtout pas leur première priorité, si leur
préoccupation étant de pouvoir se maintenir en place.
Lors du colloque, " l'Art et l'Etat ", qui a suivi la pétition en novembre
dernier, ces hommes de l'ombre ont bien dû, à leur corps défendant, venir
justifier publiquement de leur carence, de leur manque endémique de
résultats, de l'arbitraire de leurs choix. Ils se sont défendus mollement,
avec une mine de chiens battus, usant et abusant de la langue de bois,
arguant de commissions qui veillent scrupuleusement à la légalité des
décisions. Mais quand il leur est demandé depuis la salle qui nomme donc ces
commissions et ces experts en question : silence radio, on entendrait les
mouches voler.
Voilà donc que les artistes se mettent pour la première fois à bouger
ensemble, oubliant les querelles d'école et les conflits de génération. Les
artistes, c'est sûr, ont de l'intuition, et sans faire allégeance à
quiconque, ils ont compris que puisque que ça " déménage " tous azimuts en
France depuis les dernières présidentielles, il ne fallait pas rester les
bras croisés. Si une opportunité historique est à saisir, pour changer la
donne, il faut pousser le bouchon. Réclamer un Grenelle pour les Arts
visuels. Et si d'aventure, il se trouve désormais au sommet de l'Etat, une
volonté de donner un coup de pied dans la fourmilière, ils n'ont rien à
perdre de toute façon, quand ils ne font pas partie de cette douzaine
d'artistes qui monopolisent les largesses et les attentions de la
bureaucratie culturelle. Que ces bureaucrates de la culture qui sont en
réalité ses fossoyeurs rémunérés ne se disculpent pas, en avançant masqués
derrière une légitimité dont les fondements légaux sont illusoires, comme
l'a démontré un cabinet d'avocats qui a pignon sur rue à Paris .
Ce que réclament les artistes, ce n'est pas des budgets à empocher ou des
prébendes pour leur propre chapelle, mais la capacité de ceux qui sont payés
pour le faire, d'un minimum d'écoute, d'un maximum d'éthique, et
l'efficacité qu'ils sont en droit d'attendre d'eux, pour que l'art français
rayonne à l'étranger, au lieu de se traîner lamentablement. Les effets
d'annonces et les cocoricos enroués pour prétendre le contraire, ne sont que
de la poudre aux yeux qui ne trompe personne. Ce que réclament les artistes,
c'est un ministère des affaires culturelles, impartial et indépendant, qui
les aident à faire leur métier, et cesse de vouloir faire leur métier à leur
place.

Artistes désormais ne vous laissez plus faire. Il faut choisir entre le rôle
de bouffon ou de boutiquier qu'on veut vous faire jouer, en échange de
quelques menues monnaies, ou celui d'artiste responsable, voir de dissident,
porteur de valeurs symboliques, dans une société à la recherche désespérée
de sens. Vous avez tous les pouvoirs aujourd'hui, car vous avez celui de
l'imagination. C'est l'action et la maîtrise des technologies de
communication qui vous redonnera votre dignité. Comprenez que les régles du
jeu changent, et que vous n'avez plus besoin des institutions pour être un
artiste à part entière, à la seule condition, bien sûr, que vous en soyez un
vraiment !

Fred Forest

http://www.webnetmuseum.org



 
 
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